Scheda di approfondimento
Saint Basile, père de l'Église d'Orient, rédige ses Règles monastiques sous l'inspiration de l'Esprit-Saint. Il est entouré des principaux fondateurs d'ordres monastiques de l'Église catholique, notamment saint Augustin, saint Benoît et saint François d'Assise. Tous se tournent vers saint Basile pour montrer la prééminence de son ordre et de ses Règles sur les leurs. Ce tableau d'un réalisme puissant est un des chefs-d'oeuvre du peintre sévillan du Siècle d'Or, Herrera l'Ancien.
Saint Basile inspirateur des fondateurs d'ordres en Occident
Au centre du tableau, Saint Basile (330-379) est assis, en habit monastique, revêtu du pallium blanc à croix noires caractéristique de l'Église chrétienne d'Orient dont il est un des pères. Il est aussi coiffé de la mitre épiscopale qui rappelle sa dignité d'évêque de Césarée. Il est en train de rédiger ses Règles monastiques (datées des environs de 360) sous l'inspiration de l'Esprit-Saint évoqué par la colombe au-dessus de sa tête. Saint Basile est entouré des fondateurs d'ordres monastiques occidentaux qu'il a influencés. Certains le regardent avec intensité, en tenant une plume à la main ou un livre à côté d'eux. La plupart ont en effet rédigé pour leur ordre des règles monastiques qui doivent beaucoup aux écrits de ce saint. A gauche de ce dernier se tient en tenue d'évêque saint Augustin, créateur de communautés en Afrique du nord. A droite, saint Benoît de Nursie, qui fonda l'ordre bénédictin, est en habit de choeur, la coule sur la tête. Derrière ces trois saints, on trouve en quinconce, de gauche à droite, saint François d'Assise, fondateur de l'ordre des Frères Mineurs, saint Bernard, fondateur des Cisterciens, saint Dominique, fondateur des Frères Prêcheurs, et saint Berthold qui fit venir les Carmes en Europe. Au premier plan, il y a d'autres fondateurs d'ordres, saint Pierre Nolasque et saint Jean de Matha. Ce rassemblement de saints se déroule au ciel, sur un fond de nuées.
Un peintre sévillan du siècle d'Or
Ce sujet a été dicté au peintre, Herrera l'Ancien, par les ecclésiastiques du collège San Basilio de Séville qui lui commandèrent en 1638 cette peinture. Elle ornait le sommet d'un retable pour lequel l'artiste peignit neuf autres tableaux. Le sujet de Saint Basile dictant sa règle est fort rare. Le rappel, fait par le pape Clément VIII en 1597, de la prééminence de l'ordre fondé par saint Basile sur les autres ordres monastiques n'était peut-être pas étranger à son choix. L'auteur de ce tableau est l'un des principaux peintres de Séville dans la première moitié du XVIIe siècle. Il participa au décor de nombreuses églises et monastères de Séville, notamment de l'église du collège franciscain Saint-Bonaventure, avec Zurbarán. Son caractère impulsif et violent se reflète dans sa peinture. Lors de son entrée au Louvre en 1858, ce tableau a incarné l'Espagne obscurantiste aux yeux des critiques.
Un naturalisme sans rien de caravagesque
Herrera a créé ici un de ses chefs-d'oeuvre. Il s'est adapté à la position en hauteur de la toile, en lui donnant une composition pyramidale qui est très lisible. Dans ce but également, la figure de saint Basile a une grande monumentalité. L'oeuvre relève du réalisme puissant caractéristique du peintre. Les moines ont des visages réalistes aux yeux sombres et perçants très expressifs. Le modelé des figures est brusque. La touche du peintre est vigoureuse et large. Mais le naturalisme de Herrera n'a rien de caravagesque contrairement à celui de ses contemporains Zurbarán ou Ribera. Il échappe au ténébrisme dominant à l'époque. Le tableau est en effet peint dans une belle harmonie brune.